Bernard ROY 1888-1953 Grand-Maître de l’Ordre des Chevaliers Bretvins juin 1948 – avril 1952

L’Ordre des chevaliers bretvins vient de fêter ses 70 ans. En 1948, quelques personnalités de Nantes et du vignoble décidèrent de porter sur les fonds baptismaux cet Ordre qui a accueilli environ 3300 chevaliers et dames de la Duchesse Anne.

Jean-Marie Loré, un de ses successeurs à la tête de notre Ordre, retrace la vie de Bernard ROY qui fut Grand Maître de 1948 à 1952. Celui-ci eut la joie d’accueillir les 86 premiers impétrants, les premiers d’une longue lignée qui mettent toujours en avant cette devise “Bois le vin, sois bon lui”…

Mais découvrez le minutieux et remarquable travail de Jean-Marie Loré. Bonne lecture…

  • Bernard Roy bisLa naissance, la famille, l’enfance.

Bernard ROY appartient à une vieille famille de chez nous, attachée à sa cité, à sa province, à sa patrie. Il est né à Nantes, le 14 février 1888, fils de Jean-Baptiste Donatien ROY, notaire, aquarelliste, et de Amélie Héloïse Marguerite POISSON, qui s’étaient mariés le 28 avril 1879 à Nantes 3ème, avec conventions matrimoniales. Son grand-père paternel, Léon ROY était capitaine de frégate, et son arrière-grand-père Jean-Baptiste ROY étaient liés aux BONAMY, dont François BONAMY, docteur régent de la faculté de Nantes et recteur de l’université.

Il commence ses études à l’Externat des Enfants Nantais et les poursuit, à partir de l’année 1900, à Redon, chez les Pères Eudistes. La congrégation de Jésus et Marie, dite des Eudistes, fut fondée en 1643 par le prêtre normand Jean EUDES. Les exercices de missions et de séminaires furent les principales tâches apostoliques accomplies par ses membres. Bachelier, il part faire un séjour de deux années en Angleterre, à Londres, comme étudiant dessinateur.

– Le service militaire, la guerre.

De 1909 à 1911, il effectue son service à Angers au 6ème régiment du Génie, en tant que sapeur- mineur. Le 3 août 1914, il est rappelé et sert dans une unité du Génie. En avril 1915, il est versé dans le service auxiliaire. En juin 1917, il est réformé pour cause médicale. Il sera décoré de la Croix de Guerre 14-18 et recevra la médaille Interalliée en mars 1939, médaille commémorative créée en 1922.

 

– L’écrivain.

Il collabore aux journaux nantais « le Phare », « l’Ouest-Eclair » et « l’Echo de la Loire », puis il  se lance dans une carrière d’écrivain et sort son premier roman « Fanny ou l’Esprit du Large » 1930, écrit au manoir du Cendier à Pornic, et qui lui vaut le prix des Vikings en mai 1934. Il écrira entre autres, « Phu ou la Sagesse du Soir » 1932, « Le Bouquet de Diane » 1939 recueil des sonneries françaises de vénerie, « La corbeille d’Histoires » 1934, « Les Cloches de Nantes » 1941, « Jacques CASSARD, corsaire de Nantes » 1942, « Le Bailli de SUFFREN » 1942, « La vie aventureuse du Maréchal de TOURVILLE » 1947, « La Corbeille d’Histoires » 1947, « Une capitale de l’ Indiennage au XVIIIe siècle, Nantes » c’est l’histoire de la toile imprimée, « Le Coffre de Verre » 1950, « Nantes Pittoresque » 1950, « Les Grandes Heures de Nantes et de Saint-Nazaire 1939-1945» 1951, ouvrage préfacé par l’amiral DECOUX, ancien gouverneur de l’Indochine de 1939 à 1945, sous l’occupation japonaise, avec un avant-propos du duc de ROHAN,  « Le Boulonnais » escorteur de 1700 tonnes lancé à Nantes en 1953, « Dix contes de Noël » dont « Jean qui pleure et Jean qui rit », « Une porte de l’Europe, Nantes » 1951, « Chansons de la Basse-Loire » 1953. L’ouvrage « Les Grandes Heures de Nantes et de Saint-Nazaire » est composé de deux parties, des origines à 1939 et de 1940 à 1945. Cette deuxième partie fut, en 1952,  l’objet d’une violente polémique lancée par deux membres de l’association « Libres Débats », le docteur A. NEAU et Monsieur LEBRETON, reprochant à l’auteur une attitude collaborationniste. Dans la séance du vendredi 18 janvier, le docteur NEAU exécuta magistralement le livre. Il invita tous les résistants (anciens F.F.I.) à demander réparation. Ils lui firent un procès qui l’affecta beaucoup.

Durant les « Années Folles » qui débutèrent au lendemain de la guerre 14-18 et se terminèrent autour de celles qui précédèrent le désastre de 1940, Nantes acquit la réputation d’une ville où l’on s’amuse. Les Nantais aimaient se réunir pour parler de littérature, de musique, de peinture. Bernard ROY crée un club littéraire appelé « l ‘Académie Régence », ancêtre de l’ Académie de Bretagne et des Pays de la Loire, qui avait son siège rue Kervégan, au restaurant « le Régence » aujourd’hui « Le Galion », académie dont il sera le premier Chancelier.

– Le peintre.

Nommé peintre officiel du Ministère de la Marine, il entreprend de grandes croisières. A bord de sous-marins, il navigue vers la Grèce, la Crête, la Tunisie. En 1936, il est à bord du sous-marin,  « le Conquérant » commandé par Jean LANCELOT. Ce pacha, originaire de Trentemoult, a disparu dans le naufrage du paquebot « Le Lamoricière » de la Compagnie Générale Transatlantique en 1942 au large des Baléares, alors que, passager sur ce navire, il traversait d’Alger à Marseille, venant en permission. Il longe les côtes de l’ Afrique , visite le Maroc, le Sénégal et la Guinée. Le Conquérant, sous-marin de 1500 tonne, a été lancé à Saint-Nazaire en 1934, il sera grenadé par l’U.S. Air Force en novembre 1942.

– Le conservateur.

En 1924, les frères Louis et Maurice AMIEUX, conserveurs nantais bien connus, lui confièrent la tâche de créer le Musée Nantais et Maritime des Salorges. Il l’accomplit dans un temps record et réalisa, avec un goût parfait, une oeuvre que les fondateurs n’osaient espérer. Grâce à ses recherches et à son activité, les collections furent très vite riches et attrayantes. La guerre devait anéantir une grande partie de ses efforts. En effet, le terrible bombardement (de nos amis américains) du 23 septembre 1943 détruisit les principales salles d’exposition et les plus belles pièces. Sans se décourager, Bernard ROY entreprit le reclassement des collections épargnées et s’attacha avec persévérance  à en sauver la plus grande partie. Ses dons naturels en firent aussi le conservateur du Musée DOBRE, où il succéda au regretté PINEAU-CHAILLOU. Il sut mettre en valeur ses plus belles pièces et collabora  avec le docteur THOBY, conservateur-adjoint à la rédaction d’un catalogue fort appréciable.

Un des 1ers défilés au cha^teau des Ducs de Nantes

Le Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers Bretvins.

Il fut, avec quelques personnalités nantaises dont Joseph Stany GAUTHIER et quelques propriétaires viticulteurs, dont Jean VERLYNDE de La Haie-Fouassière, Etienne SAUTEJEAU du Pallet, Geoffroy de COUESBOUC de Saint-Fiacre-sur-Maine, celui qui créa  l’Ordre en 1948.

Les dernières années.

Agé de 49 ans, il contracte mariage, le 6 avril 1937, à Paris 8ème, sous contrat en date du 26 mars à Nantes, avec Madame Suzanne Jeanne CHEVY, veuve de Edmond Pierre Victor DOUET, et mère de Jacqueline DOUET, née en 1917, future Jacqueline AURIOL, célèbre aviatrice, par mariage en 1938 avec Paul AURIOL, un des deux fils de Vincent AURIOL, futur Président de la République.

Une demande d’attribution de la Légion d’Honneur, au titre des Arts et Lettres, fut effectuée par Monsieur André LAHILLONE, ancien préfet de la Loire-Inférieure, préfet de la Gironde, I.G.A.M.E., P.V. de réception de Chevalier Paris le 29 juin 1853.

Bernard ROY est décédé, en son domicile nantais, 11 rue Lafayette, le samedi 5 décembre 1953, d’une crise cardiaque. Ses obsèques furent célébrées, le mardi 8 en l’église Saint-Nicolas, en présence de sa famille, de toutes les personnalités de la région, du département, et de la ville, dont Messieurs Roger MORIN préfet, Abel DURAND sénateur et président du Conseil Régional, MAHOT conseiller général, PAGEOT ancien maire, Geoffroy et Mathieu de GOULAINE, les généraux EON et PEQUIN, et Armel de WISMES. Trois allocutions furent prononcées, par Monsieur LEPAROUX au nom de l ‘Académie Régence dont Bernard ROY fut Grand Chancelier, par Monsieur Abel DURAND et par Monsieur Roger MORIS préfet.

Il repose au cimetière nantais de la Bouteillerie dans le caveau de la famille ROY.

Nantes, le Pays Nantais, la Bretagne perdaient un conservateur, un créateur, un collectionneur, un écrivain, un conteur talentueux et l’Ordre des Chevaliers Bretvins perdait son premier Grand-Maître.

Sources : recherches aux A.D. 44 et sur internet, documentation personnelle, mairies des arrondissements de Paris.

Peniscola, août 2018

Jean Marie LORE

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